Le lancement s’effectue rapidement autour de la bande annonce de l’émission de téléréalité « Loft story1 » qui sera par la suite comparée à un article de presse « Le Monde « merveilleux » de la télé-réalité », de Béatrix Lafosse afin de mettre en évidence que le doute est permis et que cela nécessite d’autres investigations.
La problématique va alors s’enrichir de séances qui permettront de croiser différents points de vue :
- Le regard cinématographique avec un parcours de lecture de « The Truman show » réalisé par Peter Weir en 1998.
- Le regard littéraire avec au choix une lecture analytique des premières pages d’ « Acide sulfurique » d’Amélie Nothomb, un parcours de lecture ou une lecture cursive de « l’Idole » de Joncour et d’une courte pièce de théâtre « A qui perd gagne » de Grumberg
- Le regard télévisuel avec des lectures d’extraits de rushes et d’émissions afin d’être en mesure d’apprécier si la téléréalité prend en compte les reproches qui lui sont adressés…
La dernière séance proposera nécessairement un regard d’expert celui du sociologue François Jost dans « Télé-réalité » ou dans « L’Empire du loft ».
Une guidance du travail élève sera instaurée dès le début de la séquence et donnera l’occasion de se familiariser à la délibération.
Le déroulement de la séquence
Guidance du travail élève
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A l’exception d’une brève postface dans laquelle elle explique les motifs qui l’ont conduite à écrire ce livre, la journaliste s’efface totalement de l’ouvrage qui est entièrement rédigé à la première personne, comme si Jamila Barakzaï l’avait écrit seule. Ce parti-pris rompt avec les habitudes de l’écriture journalistique pour emprunter celles du roman autobiographique. C’est ainsi que le livre s’ouvre, in medias res, sur une scène très forte, dans laquelle la meilleure amie et collègue de Jamila Barakzaï est assassinée, pour épouser ensuite le déroulé classique d’une narration linéaire retraçant la vie de l’héroïne de sa naissance à aujourd’hui. Il s’agit pourtant bien de journalisme puisque Manon Quérouil a écrit à partir de longues heures d’entretien et veille à distiller avec finesse des informations plus générales sur l’histoire de l’Afghanistan ou la situation des femmes. Ce livre relève pleinement du journalisme élevé à la grandeur du reportage qui donne à comprendre le monde en l’incarnant puissamment à travers des destins individuels.
Intervention de l’armée soviétique qui s’enlise dans une longue guerre contre les moudjahidin, guerre civile, arrivée au pouvoir des Talibans, mise en place d’un gouvernement sous contrôle de l’OTAN… Nous avons tous suivi à travers les actualités quotidiennes les terribles ravages infligés à l’Afghanistan, n’en retenant que des images éparses du commandant Massoud ou des statues de Bouddha détruites. Sans mesurer vraiment ce que signifiait ces conflits incessants pour l’individu, pour l’Afghan moyen. La force de cet ouvrage est d’épouser le destin et la sensibilité d’une femme presque ordinaire qui a traversé toutes ces époques, nous donnant ainsi à comprendre, par empathie, la complexité de ce monde si proche et pourtant étranger.
L’histoire de Jamila Barakzaï est marquée par les convulsions de l’Afghanistan. Née dans une grande tribu pachtoune de la région de Kandahar, elle réussit, contre l’avis de sa famille, le concours d’entrée à l’Académie de police et devient modeste "responsable de quartier pour l’encadrement des Jeunesses communistes au sein de la police et de l’armée". La prise du pouvoir des moudjahidin la contraint à renoncer à son travail et à rester cloîtrée dans sa maison jusqu’à ce qu’elle devienne, à la faveur d’une relative accalmie des tensions politiques, gardienne de prison. La guerre civile l’oblige à interrompre à nouveau son activité professionnelle puis à se réfugier au Pakistan pour échapper aux Talibans qui la persécutent ainsi que sa famille. Elle se marie puis retrouve peu à peu ses fonctions de policière avant d’être à nouveau menacée de mort et forcée de se cacher une fois de plus. L’intervention de l’OTAN qui stabilise un peu le pays lui permet de travailler comme formatrice de jeunes policiers mais nous refermons le livre avec l’envie d’avoir de ses nouvelles tant les épreuves traversées - mort de son père sous les bombes, assassinat de sa meilleure amie, torture d’un jeune frère - sont incessantes et terribles. Ce livre invite donc à revisiter, dans un style alerte et limpide, l’histoire complexe de l’Afghanistan du point de vue d’une Afghane ordinaire. Cette dimension seule suffirait à justifier sa lecture. Il prend pourtant une ampleur supplémentaire en abordant le sort des femmes en Afghanistan. Ou plutôt le sort d’une femme dont la vie est déterminée par sa naissance en Afghanistan mais ne saurait se réduire à cela.
Jamila Barakzaï avait normalement un destin tout tracé. Fille en Afghanistan signifie déception des parents ("J’ai quatre enfants et deux filles"…), mariage arrangé, vie de mère de famille vaquant aux tâches ménagères, interdiction de sortir sans être accompagnée par un homme de la famille, infériorité de chaque instant… Manon Quérouil fait ressentir avec force les violences inouïes faites aux femmes. Cependant, en laissant le temps à son héroïne de témoigner, elle introduit de la complexité. Si la mère de Jamila Barakzaï est scandalisée par son entrée à l’école de police, blessée par le fait qu’elle ne trouve pas de mari, son père l’accompagne avec bienveillance. Si elle est victime d’un mariage arrangé avec un vieillard peu séduisant, ce dernier se révèle être tolérant, allant jusqu’à s’occuper des enfants pendant qu’elle travaille. L’intégrisme religieux l’étouffe jusque dans son intimité mais, musulmane pratiquante, elle est attachée plus que tout à ce que ses enfants fassent leurs cinq prières par jour. Cette complexité ne relativise pas le sort fait aux femmes en Afghanistan. Elle le rend encore plus insupportable en l’incarnant par une individualité. Réduire une femme afghane, même en étant animé par de louables sentiments, à une opprimée qui porte la burqa est d’une certaine manière jouer le jeu des intégristes qui réduisent l’individu à son sexe ou à son rang. Jamila Barakzaï, comme chacun-e d’entre nous, doute de sa beauté, s’inquiète de sa sexualité, commet des erreurs de jugement sur sa famille, se montre courageuse et lâche, résolue et pleine de doutes… Jamila Barakzaî est un être humain. La réussite du livre de Manon Quérouil réside dans cette manière de laisser toute la place à l’humain et à sa grandeur fragile.
BARAKZAI Jamila, QUEROUIL Manon, Un uniforme sous la burka.
Editions Michel Lafon, 2010.
BAC PRO. Français. Construction de l’information
BAC PRO. Français. Identité et diversité
CAP. Français. Individualisme et altérité
CAP. Français. Découverte de l’autre et confrontation des valeurs
L’île est-elle perçue comme un paradis ou comme un enfer ? Ce sera ici l’occasion de voir que les protagonistes en présence sont devenus mythiques grâce à la manière dont ils ont surpassé leurs peurs et les difficultés de la situation apparemment dramatique dans laquelle ils se trouvent.
Comment la vie s’organise-telle ? L’homme civilisé ne peut vraisemblablement pas, se passer de la modernité pour survivre. Il a tendance à reproduire le modèle de son passé récent. Il ne peut s’en détacher.
Comment gérer la solitude, ce face à face avec soi-même ? Chaque protagoniste a sa « recette » : le travail, le refuge dans un endroit symbolique, ou le « carpe diem ».
Comment gérer la vie en communauté dans de telles situations ? Les extraits choisis amènent à constater que l’homme, par reflexe, ou de manière innée, à tendance à vouloir dominer, ce qui engendre violence et conflits. Cela étant, il demeure capable de réflexion et d’auto analyse et corrige son comportement. C’est également en cela qu’il devient mythique.
Diaporama présentant la séquence
Agnès Liesse
La problématique... Le roman intitulé Le Rouge et le Noir est accompagné d’un sous-titre « Chronique de 1830 ».Celui-ci détermine donc la problématique qui est le fil conducteur de l’étude.En quoi Julien Sorel est-il le reflet de sa génération ? En quoi les valeurs incarnées par le personnage sont-elles celles d’une époque ? Le lancement de la séquence...
On peut consulter toute la séquence au format flash... (c’est immédiat !)
La problématique... Le roman intitulé Le Rouge et le Noir est accompagné d’un sous-titre « Chronique de 1830 ».Celui-ci détermine donc la problématique qui est le fil conducteur de l’étude.En quoi Julien Sorel est-il le reflet de sa génération ? En quoi les valeurs incarnées par le personnage sont-elles celles d’une époque ? Le lancement de la séquence...
On peut consulter toute la séquence au format flash... (c’est immédiat !)
Les deux premières séances constituent le lancement de la séquence et permettent de s’interroger sur les valeurs incarnées par des héros majeurs de la littérature (Ulysse, Jean Valjean, Gavroche, Michel Strogoff, Antigone) avant de découvrir Fantine.(cf. le travail réalisé en première séance du parcours de lecture sur Lorenzaccio)
Les chapitres ne sont pas lus dans leur intégralité. J’ai choisi d’étudier l’œuvre sous la forme d’un parcours de lecture. J’ai sélectionné des passages plus ou moins longs concernant Fantine. L’œuvre permet de s’adapter « au niveau » des élèves en jouant sur la longueur des extraits.
Il s’agit, à travers les extraits choisis, de répondre à la problématique suivante : « En quoi Fantine, dans ses déchirements, dans ses contradictions, dans ses excès reste-t-elle une héroïne ? »
L’oral a pris toute sa place : les élèves ont réagi devant les injustices, devant la misère dénoncées par les extraits.
Il s’est agi, conformément au programme, d’analyser la construction d’un personnage, son évolution depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la fin.
La séquence a été proposée à une classe de Bep électrotechnique (2 filles et 24 garçons). Les élèves ont été intéressés par ce personnage peu connu. Ils ont été sensibles à son destin et ont découvert les mœurs, la société ouvrière du XIXème. Ils ont été surpris par les extraits relatant la vente des cheveux, des dents. Ils ont d’ailleurs fait le rapprochement avec la vente d’organes dans certains pays.
Question posée aux élèves : Comment vous représentez-vous un héros ?
En fin de séance les élèves construisent une première définition du héros.
Pour élargir le vocabulaire des élèves, j’ai donné des exercices pour travailler les caractérisations physiques et morales du héros.
À l’aide d’une banque de textes les élèves travaillent sur la question : quelles sont les valeurs incarnées par les personnages ?
Ce travail a été effectué en deux étapes :
d’abord en repérant au cours de la lecture des différentes valeurs de chaque personnage ; puis en rédigeant un paragraphe qui réponde à la consigne et s’appuyant sur les différents héros rencontrés lors de la lecture. Aide : Fiche pour écrire un paragraphe - fiche pour les termes de liaison
« En quoi Fantine, dans ses déchirements, dans ses contradictions, dans ses excès reste-t-elle une héroïne ? » Problématique de la séance : Quelles sont les valeurs représentées par Fantine ?
On peut aller sur wikisource chercher les extraits correspondants Premier Groupement d’extraits : Il s’agit de découvrir le personnage de Fantine. Première Partie « FANTINE », Livre troisième EN L’ANNEE 1817 Extrait 1 : Chapitre II Double quatuor ; Extrait 2 : Chapitre III Quatre à quatre ; Extrait 3 : Chapitre VII Sagesse de Tholomyès ; (Fantine vue par Tholomyès) Extrait 4 : Chapitre IX Fin joyeuse de la joie |
extraits1 (format PDF - 133.7 ko)
Fantine est décrite comme un personnage orphelin ; elle est belle comme une déesse, naïve, innocente, ouvrière, c’est une « grisette ».
La lecture s’effectue en deux temps : le professeur prend en charge les premiers extraits, le dernier est lu silencieusement par les élèves. Ce travail de lecture favorise un échange entre les élèves et le professeur sur leurs représentations du héros. L’extrait n°3 permet d’expliquer ce qu’est une « grisette ». Pour ce terme certains élèves ont pensé que comme elle était ouvrière, elle portait un blouse grise d’où le mot « grisette ». Les élèves n’ont pas défini Fantine comme un « héros ». J’ai donc posé cette question : « Le personnage doit-il être nécessairement fort et courageux pour devenir un héros ? » Les élèves ont fait un retour sur les héros vus dans la séance 2, ils ont comparé Fantine aux héros littéraires déjà vus. Cette réflexion leur a permis de revoir leur jugement.
Un travail d’écriture est proposé : « Imaginez la suite. Que va-t-il arriver à Fantine ? »
Les connaissances abordées 1.Etude de l’énonciation dans l’extrait N°3 Chapitre VII Sagesse de Tholomyès par rapport à l’extrait n°1 Chapitre II Double quatuor . (On peut travailler sur les titres des chapitres, assez révélateurs de la présence de l’énonciateur.) 2.Etude des procédés de la désignation et de la caractérisation. Les expansions du nom. Etude que l’on poursuit avec le second groupement qui permet de compléter le lexique du portrait, de faire des comparaisons.
Second groupement d’extraits :
Extrait 1 : Livre cinquième LA DESCENTE, Chapitre VIII Madame Victurnien dépense trente-cinq francs pour la morale ; Extrait 2 : Chapitre IX Succès de madame Victurnien ; Extrait 3 : Chapitre X Suite du succès Extrait 4 : Livre huitième CONTRE - COUP, Chapitre IV L’autorité reprend ses droits ; Extrait 5 : Chapitre V Tombeau convenable |
---|
Déroulement de la lecture : Les extraits 1 et 2 sont lus par le professeur. Les extraits 3, 4 et 5 sont lus de façon autonome en classe ; cela permet aux élèves de comparer avec leurs hypothèses. Les élèves ont discuté de leurs impressions, nous avons travaillé le vocabulaire pour mettre en évidence le pathétique. Il y a eu discussion surtout autour de la manière de vivre au XIX°siècle, (fille-mère ; renvoi ; médisance...) Fantine est victime de la méchanceté, de l’envie des autres et elle se sacrifie pour son enfant. Les médisances d’une personne peuvent avoir des conséquences dramatiques (cf.l’épisode de Madame Victurnien), le manque de dialogue aussi, Fantine ne se décide pas à demander des explications au maire, M.Madeleine) J’ai lu l’extrait sur l’abandon de Cosette et j’ai donné des explications sur les Thénardier. Cela a permis aux élèves de mieux comprendre les actes de Fantine.
Après cette discussion autour de la lecture, les élèves sont passés à l’écriture. Ils ont rédigé un paragraphe pour répondre aux questions suivantes : « Quelles valeurs représente Fantine ? En quoi son parcours reste-t-il celui d’une héroïne ? Justifiez votre réponse par un relevé précis d’indices. »
Travail d’écriture supplémentaire proposé à la classe (un sujet au choix)
1.Ecrire la lettre que Fantine envoie à Tholomyès pour lui annoncer qu’elle attend un enfant et qu’elle a besoin d’aide. |
Les connaissances abordées 1.Les discours rapportés : repérer les différents discours dans l’extrait n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien (discours direct et son effet/ discours indirect libre et son effet). 2.Etude des connecteurs spatiaux et temporels pour montrer le parcours vers la déchéance. (extraits n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien et 3 Chapitre X Suite du succès) 3.Etude des procédés de la désignation et de la caractérisation (suite) 4.Etude du registre pathétique (extraits n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien et 3 Chapitre X Suite du succès)
Lecture cursive : passages sur les Thénardier pour mettre en valeur leur cruauté, leur cupidité : Première Partie « FANTINE », Livre quatrième CONFIER, C’EST QUELQUEFOIS LIVRER , chapitres 1 à 3.
Par la comparaison entre les extraits 1, 2 et Choses vues (arrestation de la prostituée) de Victor Hugo, écrit en 1841et publié en 1913, on redéfinit la notion de personnage par rapport à la personne réelle. Ce travail permet de faire apparaître le travail de l’écrivain, de mettre en évidence le projet de Victor Hugo, c’est-à-dire de dénoncer la misère, les injustices de son époque. Cf. On construit ensuite une définition du héros romantique à partir des extraits étudiés dans le parcours de Fantine. On aide les élèves en donnant une fiche sur le romantisme. Pour cela, j’ai proposé aux élèves de faire un retour sur les séances afin de les amener à définir Fantine comme un être d’exception (séance 3 : sa beauté, sa gentillesse,...), solitaire (séances 3 et 4 : sans famille, sans véritable ami), soumis aux excès (séance 4 : renvoi de la fabrique, abandon de sa fille et vente de ses cheveux, ses dents...). De plus, j’ai attiré leur attention sur les procédés utilisés par Victor Hugo (le lexique, le registre pathétique). Cette étude des procédés se réalise assez facilement grâce à la comparaison précédemment effectuée avec les extraits de Choses vues.
Les élèves ont découvert un personnage et son parcours dans l’œuvre de Victor Hugo. Fantine, définie comme « héros », a permis aux élèves de réaliser un travail sur les valeurs. Ils ont modifié leur représentation du héros : ils ont compris qu’il ne suffisait pas d’être fort physiquement pour être un héros. De plus, nous avons vu qu’à travers Fantine, Victor Hugo, écrivain engagé, dénonce la misère de son époque. Fantine illustre les difficultés de vie de l’époque, la condition ouvrière.
Les élèves n’ont pas manqué de remarquer les autres personnages comme Gavroche et Jean Valjean : ceux-ci permettent de voir d’autres situations difficiles (le bagne, les barricades).
Les élèves m’ont demandé de leur raconter la suite du roman. Ils étaient soucieux du destin de Cosette. Ce souhait m’a pris au dépourvu ! Je n’avais pas sélectionné de passages sur Cosette afin de finaliser l’objet d’étude sur une lecture cursive. Il serait donc intéressant de réaliser ce prolongement, soit par choix de textes, soit en sélectionnant les chapitres de l’œuvre concernant Cosette dans le cas où les élèves auraient acheté le livre.
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Les chapitres ne sont pas lus dans leur intégralité. J’ai choisi d’étudier l’œuvre sous la forme d’un parcours de lecture. J’ai sélectionné des passages plus ou moins longs concernant Fantine. L’œuvre permet de s’adapter « au niveau » des élèves en jouant sur la longueur des extraits.
Il s’agit, à travers les extraits choisis, de répondre à la problématique suivante : « En quoi Fantine, dans ses déchirements, dans ses contradictions, dans ses excès reste-t-elle une héroïne ? »
L’oral a pris toute sa place : les élèves ont réagi devant les injustices, devant la misère dénoncées par les extraits.
Il s’est agi, conformément au programme, d’analyser la construction d’un personnage, son évolution depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la fin.
La séquence a été proposée à une classe de Bep électrotechnique (2 filles et 24 garçons). Les élèves ont été intéressés par ce personnage peu connu. Ils ont été sensibles à son destin et ont découvert les mœurs, la société ouvrière du XIXème. Ils ont été surpris par les extraits relatant la vente des cheveux, des dents. Ils ont d’ailleurs fait le rapprochement avec la vente d’organes dans certains pays.
Question posée aux élèves : Comment vous représentez-vous un héros ?
En fin de séance les élèves construisent une première définition du héros.
Pour élargir le vocabulaire des élèves, j’ai donné des exercices pour travailler les caractérisations physiques et morales du héros.
À l’aide d’une banque de textes les élèves travaillent sur la question : quelles sont les valeurs incarnées par les personnages ?
Ce travail a été effectué en deux étapes :
d’abord en repérant au cours de la lecture des différentes valeurs de chaque personnage ; puis en rédigeant un paragraphe qui réponde à la consigne et s’appuyant sur les différents héros rencontrés lors de la lecture. Aide : Fiche pour écrire un paragraphe - fiche pour les termes de liaison
« En quoi Fantine, dans ses déchirements, dans ses contradictions, dans ses excès reste-t-elle une héroïne ? » Problématique de la séance : Quelles sont les valeurs représentées par Fantine ?
On peut aller sur wikisource chercher les extraits correspondants Premier Groupement d’extraits : Il s’agit de découvrir le personnage de Fantine. Première Partie « FANTINE », Livre troisième EN L’ANNEE 1817 Extrait 1 : Chapitre II Double quatuor ; Extrait 2 : Chapitre III Quatre à quatre ; Extrait 3 : Chapitre VII Sagesse de Tholomyès ; (Fantine vue par Tholomyès) Extrait 4 : Chapitre IX Fin joyeuse de la joie |
extraits1 (format PDF - 133.7 ko)
Fantine est décrite comme un personnage orphelin ; elle est belle comme une déesse, naïve, innocente, ouvrière, c’est une « grisette ».
La lecture s’effectue en deux temps : le professeur prend en charge les premiers extraits, le dernier est lu silencieusement par les élèves. Ce travail de lecture favorise un échange entre les élèves et le professeur sur leurs représentations du héros. L’extrait n°3 permet d’expliquer ce qu’est une « grisette ». Pour ce terme certains élèves ont pensé que comme elle était ouvrière, elle portait un blouse grise d’où le mot « grisette ». Les élèves n’ont pas défini Fantine comme un « héros ». J’ai donc posé cette question : « Le personnage doit-il être nécessairement fort et courageux pour devenir un héros ? » Les élèves ont fait un retour sur les héros vus dans la séance 2, ils ont comparé Fantine aux héros littéraires déjà vus. Cette réflexion leur a permis de revoir leur jugement.
Un travail d’écriture est proposé : « Imaginez la suite. Que va-t-il arriver à Fantine ? »
Les connaissances abordées 1.Etude de l’énonciation dans l’extrait N°3 Chapitre VII Sagesse de Tholomyès par rapport à l’extrait n°1 Chapitre II Double quatuor . (On peut travailler sur les titres des chapitres, assez révélateurs de la présence de l’énonciateur.) 2.Etude des procédés de la désignation et de la caractérisation. Les expansions du nom. Etude que l’on poursuit avec le second groupement qui permet de compléter le lexique du portrait, de faire des comparaisons.
Second groupement d’extraits :
Extrait 1 : Livre cinquième LA DESCENTE, Chapitre VIII Madame Victurnien dépense trente-cinq francs pour la morale ; Extrait 2 : Chapitre IX Succès de madame Victurnien ; Extrait 3 : Chapitre X Suite du succès Extrait 4 : Livre huitième CONTRE - COUP, Chapitre IV L’autorité reprend ses droits ; Extrait 5 : Chapitre V Tombeau convenable |
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Déroulement de la lecture : Les extraits 1 et 2 sont lus par le professeur. Les extraits 3, 4 et 5 sont lus de façon autonome en classe ; cela permet aux élèves de comparer avec leurs hypothèses. Les élèves ont discuté de leurs impressions, nous avons travaillé le vocabulaire pour mettre en évidence le pathétique. Il y a eu discussion surtout autour de la manière de vivre au XIX°siècle, (fille-mère ; renvoi ; médisance...) Fantine est victime de la méchanceté, de l’envie des autres et elle se sacrifie pour son enfant. Les médisances d’une personne peuvent avoir des conséquences dramatiques (cf.l’épisode de Madame Victurnien), le manque de dialogue aussi, Fantine ne se décide pas à demander des explications au maire, M.Madeleine) J’ai lu l’extrait sur l’abandon de Cosette et j’ai donné des explications sur les Thénardier. Cela a permis aux élèves de mieux comprendre les actes de Fantine.
Après cette discussion autour de la lecture, les élèves sont passés à l’écriture. Ils ont rédigé un paragraphe pour répondre aux questions suivantes : « Quelles valeurs représente Fantine ? En quoi son parcours reste-t-il celui d’une héroïne ? Justifiez votre réponse par un relevé précis d’indices. »
Travail d’écriture supplémentaire proposé à la classe (un sujet au choix)
1.Ecrire la lettre que Fantine envoie à Tholomyès pour lui annoncer qu’elle attend un enfant et qu’elle a besoin d’aide. |
Les connaissances abordées 1.Les discours rapportés : repérer les différents discours dans l’extrait n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien (discours direct et son effet/ discours indirect libre et son effet). 2.Etude des connecteurs spatiaux et temporels pour montrer le parcours vers la déchéance. (extraits n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien et 3 Chapitre X Suite du succès) 3.Etude des procédés de la désignation et de la caractérisation (suite) 4.Etude du registre pathétique (extraits n°2 Chapitre IX Succès de madame Victurnien et 3 Chapitre X Suite du succès)
Lecture cursive : passages sur les Thénardier pour mettre en valeur leur cruauté, leur cupidité : Première Partie « FANTINE », Livre quatrième CONFIER, C’EST QUELQUEFOIS LIVRER , chapitres 1 à 3.
Par la comparaison entre les extraits 1, 2 et Choses vues (arrestation de la prostituée) de Victor Hugo, écrit en 1841et publié en 1913, on redéfinit la notion de personnage par rapport à la personne réelle. Ce travail permet de faire apparaître le travail de l’écrivain, de mettre en évidence le projet de Victor Hugo, c’est-à-dire de dénoncer la misère, les injustices de son époque. Cf. On construit ensuite une définition du héros romantique à partir des extraits étudiés dans le parcours de Fantine. On aide les élèves en donnant une fiche sur le romantisme. Pour cela, j’ai proposé aux élèves de faire un retour sur les séances afin de les amener à définir Fantine comme un être d’exception (séance 3 : sa beauté, sa gentillesse,...), solitaire (séances 3 et 4 : sans famille, sans véritable ami), soumis aux excès (séance 4 : renvoi de la fabrique, abandon de sa fille et vente de ses cheveux, ses dents...). De plus, j’ai attiré leur attention sur les procédés utilisés par Victor Hugo (le lexique, le registre pathétique). Cette étude des procédés se réalise assez facilement grâce à la comparaison précédemment effectuée avec les extraits de Choses vues.
Les élèves ont découvert un personnage et son parcours dans l’œuvre de Victor Hugo. Fantine, définie comme « héros », a permis aux élèves de réaliser un travail sur les valeurs. Ils ont modifié leur représentation du héros : ils ont compris qu’il ne suffisait pas d’être fort physiquement pour être un héros. De plus, nous avons vu qu’à travers Fantine, Victor Hugo, écrivain engagé, dénonce la misère de son époque. Fantine illustre les difficultés de vie de l’époque, la condition ouvrière.
Les élèves n’ont pas manqué de remarquer les autres personnages comme Gavroche et Jean Valjean : ceux-ci permettent de voir d’autres situations difficiles (le bagne, les barricades).
Les élèves m’ont demandé de leur raconter la suite du roman. Ils étaient soucieux du destin de Cosette. Ce souhait m’a pris au dépourvu ! Je n’avais pas sélectionné de passages sur Cosette afin de finaliser l’objet d’étude sur une lecture cursive. Il serait donc intéressant de réaliser ce prolongement, soit par choix de textes, soit en sélectionnant les chapitres de l’œuvre concernant Cosette dans le cas où les élèves auraient acheté le livre.
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