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Parcours de lecture dans Le Premier Homme d’Albert Camus

Cette séquence propose un parcours de lecture dans l’œuvre d’Albert Camus référé à l’objet d’étude Identité et diversité.

        Albert Camus issu d’un milieu modeste, né « pauvre sous un ciel heureux » il y a un siècle, le 7 novembre 1913 à Mondovi, village d’Algérie, nous a légué une vision du monde empreinte de son propre vécu, mais aussi de cette volonté farouche de s’élever par le savoir, dans l’école de la République, sans rien renier de son milieu ni de ses origines plus que modestes.

        Une vie illuminée par le soleil de l’Algérie, terre des contrastes, parfois abyssaux, lieu de passage entre les deux rives de la Méditerranée, terre des passions exacerbées par le contexte historique mais aussi d’exaltation créatrice et de sublimation. Terre sur laquelle il lui  a été difficile de se situer. C’est là que s’élabore la « pensée de midi », c’est là qu’il observe, qu’il appréhende la diversité des peuples et de la nature humaine, ébauche de son aventure littéraire.

        Le Premier Homme témoigne de cette double souffrance, insupportable pour le fils comme pour l’écrivain, entre la recherche du père et le silence de la mère. Une note préparatoire au roman projeté lève le voile sur le but de l’auteur : « Et ce qu’il désirait  plus que  tout au monde, qui était que sa mère lût tout ce qui était sa vie et sa chair, cela était impossible. Son amour, son seul amour, serait à jamais muet. 

        L’intention de Camus est évidemment tout autre que le simple regret anticipé de la perte du pays natal qu’il pressentit mais heureusement ne connut pas. Cette enfance retrouvée lui permet, à travers l’évocation d’une famille pauvre jetée par les hasards de l’Histoire sur une terre étrangère, de cherche la vérité de son moi, doublée de la sourde angoisse, qui transparaît dans les annexes, du sort du petit peuple français d’Algérie dont il s’est déclaré publiquement solidaire dans son discours de Suède.

       Ainsi, par le truchement de l’autobiographie romancée, il ramène sa propre histoire et celle des siens à un refus des excès que l’Histoire est susceptible d’engendrer.

       La transmission est au cœur de cette interrogation: nombreux sont les écrivains qui ont entrepris une quête identitaire, qui se sont interrogés sur leurs racines, pour comprendre leur histoire et mettre au jour leur propre parcours. Ils posent par leurs écrits non seulement la question de la construction d’une identité et de son appropriation, mais également celle de la recherche d’une écriture permettant de se trouver. En effet, comment dire, raconter son expérience personnelle? Comment retrouver une cohérence sans préjugés dans son histoire? Comment rendre compte de sa culture à travers une fiction?

      Que peut nous apporter la lecture d’un récit d’enfant d’un écrivain du XXème siècle ? L’homme (Albert Camus) témoin de son temps a-t-il quelque chose à nous dire aujourd’hui ? S’adresse-t-il au-delà du temps écoulé aux nouvelles générations de lecteurs français? Les questions posées hier par Camus sont-elles encore d’actualité ?

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Angélique Kaja

Groupe des Formateurs Lettres – Académie de Lille

Fichiers