Un roman contemporain pour aborder un parcours de personnage réaliste
Antoine, le héros de ce bref récit, se raconte à la première personne. Le jour, il travaille dans une entreprise de pompes funèbres pour assurer son existence ; le soir, il boxe. Epaulé par un entraîneur charismatique surnommé Le Chef, Antoine est un boxeur prometteur. Hélas, il est trop épuisé, trop lucide aussi sans doute, pour échapper à une forme d’autodestruction. Il sent qu’il est en train de perdre la complicité qu’il ressentait avec sa soeur Claire qui s’apprête à se marier et ne parvient pas à convaincre les parents chinois de sa petite amie Su qu’il sera un bon époux.
Poids léger est ainsi l’histoire d’un renoncement qui laisse pourtant le lecteur plutôt réconforté – la fonction cathartique du roman n’est pas un vain mot – et ému par le destin de ce personnage. Cela tient sans doute à une écriture économe, dépouillée, qui fait partager une véritable empathie pour ces personnages. « Je ne savais rien d’Antoine, en m’attelant à ce roman. Ou si peu : son métier, la boxe, son enfance en Ardèche, son père qui venait de mourir et sa soeur adorée. De fait, Antoine demeure pour moi aussi mystérieux et partiellement opaque qu’il peut l’être pour le lecteur. Je me suis contenté d’endosser sa voix et de le faire monologuer. J’avais l’essentiel : son rythme intérieur, son souffle, ses dérèglements, les sauts de sa pensée, les accalmies. C’est ce que l’écriture suit au plus près. » explique Olivier Adam.
Pour conduire l’étude de ce roman dans la classe de Seconde Professionnelle on pourra travailler, dans le cadre de l’objet d’étude Parcours de personnage, autour d’une problématique liée au réalisme et à la manière dont l’auteur procède pour donner l’illusion que l’histoire d’Antoine est vraie.
On pourra, par exemple, étudier l’incipit en montrant comment il s’inscrit dans le registre réaliste : insertion dans les lieux du réel, présence d’un temps familier, affirmation du corps, personnage d’origine sociale modeste animé par des motivations immédiates… Les élèves pourront également étudier les effets de réel : présence de détails vrais (la rose), ancrage historique et géographique familier (RER, pont du 11 novembre), syntaxe relâchée et registre familier, lexique spécialisé (de la boxe)… On étudiera également l’importance du point de vue d’Antoine qui prend totalement en charge le récit et crée une identification avec le lecteur. Les passages dans lesquels Antoine raconte un match de boxe de l’intérieur sont très représentatifs de l’écriture « juste » et réaliste d’Olivier Adam : on choisira un de ces extraits pour une lecture analytique en deuxième séance.
Une troisième séance portera, par exemple, sur l’étude despersonnages d’Antoine, de Claire, de Su et du Chef en s’interrogeant sur leur fonction dans le récit, leurs éléments constitutifs (caractérisation directe et indirecte) ainsi que leur dimension stéréotypée (l’entraîneur paternaliste, le jeune révolté, la jeune fille conventionnelle…). Les stéréotypes sont très présents dans ce livre tant dans les personnages que dans l’économie du récit qui reprend les étapes canoniques du roman d’apprentissage.
Une quatrième séance sera donc consacrée à l’étude de cette dimension. Il est ensuite possible de mener un travail de confrontation entre des passages du livre et du film qu’en a tiré Jean-Pierre Améris.